Par le chemin de création, de réflexion et d’émancipation qu’elle propose, la démarche artistique est intimement liée à la pédagogie critique. Le Pacte pour un Enseignement d’excellence lui fait d’ailleurs la part belle à travers le parcours d’éducation culturelle et artistique (PECA) qui s’installe dans tout le tronc commun. 

Le 15 avril de chaque année, les célébrations de la Journée mondiale de l'art contribuent à renforcer les liens entre les créations artistiques et la société. 

 

L’art en tant que vecteur de transformation sociale

C’est l’occasion, pour  Annoncer la Couleur – Enabel, de mettre à l’honneur le travail exploratoire qu’elle mène depuis plusieurs années sur l’art en tant que vecteur de transformation sociale et son étroit lien avec l’éducation à la citoyenneté mondiale.  Une page recélant les différentes expériences menées, les publications, les formations qui en ont découlé… a été créée au sein du site (suivre le lien). 

Couverture de la brochunre "Vade-mecum" et lien pour télécharger l'e-book

Le « Vade mecum » (e-book à votre disposition)

Le dernier-né de la série proposée sur cette page est le vade-mecum d’un projet co-construit avec des écoles supérieures des arts. Ce vade-mecum se veut un outil d’accompagnement pour la construction de vos propres projets.  Il est accompagné d’un film mettant les mots en images et en corps.  

Lien vers la vidéo

L'art selon Irène Pereira

La journée mondiale de l’art c’est aussi l’occasion de partager un extrait d’un entretien d’Irène Pereira publié dans Les Cahiers de la Pédagogies radicales en 2020. 

« L’art conscientisant comporte une ou plusieurs des caractéristiques suivantes. Il s’agit d’un art qui vise à produire un processus de conscientisation. Cela veut dire la prise de conscience d’injustices sociales et/ou environnementales. Il s’agit également d’un art qui assez souvent met en œuvre un processus de co-création collective. Il y a une remise en question de l’opposition entre l’artiste et les spectateurs. Enfin, il s’agit d’un art qui vise un engagement social, un processus de transformation sociale vers plus de justice sociale. 

On peut dire que l’art conscientisant rompt avec trois présupposés de la définition classique de l’œuvre d’art : l’art est une production individuelle, l’art a une visée purement esthétique et ne véhicule pas de message social, la création artistique suppose une maîtrise technique et même plus du génie. 

Par ailleurs, on peut préciser que l’art conscientisant peut se trouver mis en œuvre dans différentes pratiques artistiques : arts plastiques, théâtre, vidéo, écriture… Il peut prendre différents noms : artivisme, art social, art engagé, art militant, art politique, art communautaire… 

La démarche d'Augusto Boal

On retrouve les éléments de l’art conscientisant dans l’approche d’Augusto Boal avec le théâtre de l’opprimé si on prend sa technique la plus célèbre à savoir le théâtre forum. Tout d’abord, Augusto Boal théorise la notion de spect-acteur. Les spectateurs ne sont pas invités à être uniquement passifs, mais à participer activement au spectacle en montant eux-mêmes sur scène. Le théâtre forum vise un processus de conscientisation, il s’agit d’analyser les rapports sociaux de pouvoir qui sont à l’œuvre dans la scène qui est jouée. Enfin, le fait pour les spect-acteurs de participer a une visée d’empowerment : il s’agit d’imaginer des solutions qui pourront être mises en œuvre dans la vie réelle. 

Dans L’esthétique de l’opprimé, Boal souligne que son approche vise à lutter contre la perte de l’aura de l’œuvre d’art. Il s’agit ici d’une référence à la notion d’aura chez Walter Benjamin qui affirme qu’avec la reproductibilité technique de l’époque industrielle les œuvres d’art perdent leur « aura », ce qui faisaient d’elles une œuvre originale. 

Boal considère qu’il s’agit de « promouvoir la multiplication des artistes », tout le monde doit pouvoir s’inscrire dans une démarche de création artistique. Certes il y a multiplication des œuvres d’art, mais ces œuvres sont en lien avec l’unicité de chacune des personnes qui les a produites. Nous ne sommes donc pas dans une production de type industrielle. 

En outre, Boal voit dans la création artistique une manière de reconnecter chacun avec le pouvoir de création et d’action dont le prive une société oppressive. Devenir un artiste, c’est donc s’inscrire dans un processus d’empowerment qui favoriserait la possibilité de s’engager dans l’action de transformation sociale. » 

Pour lire tout l’entretien : https://pedaradicale.hypotheses.org/3174 

 

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